Même si cela chagrine les listes alternatives, seul un vote pour les sociaux-démocrates pourra mettre fin à l’ère Barroso. Le mirage de Bayrou n’y pourra rien non plus.
31 mars 2009, par
La réalité politique est pourtant claire. Même si cela chagrine les listes alternatives, même si leurs rhétoriques sont bien affûtées, la réalité ne flanche pas, elle. Et Poul Rasmussen, président du PSE, l’explique fort limpidement : seul un vote pour les sociaux-démocrates pourra mettre fin à l’ère Barroso. Le mirage Bayrou - qui soutien le libéral (si, si) Graham Watson - n’y pourra rien, à moins d’une victoire en trompe l’oeil.
Tout cela, Poul Rasmussen l’explique bien dans cet article issu du quotidien Le Monde : une victoire du PSE dans les votes est la seule alternative pour ne pas reconduire Barroso.
Maintenant, à chacun ses choix...
Les socialistes français vous pressent de vous porter candidat au poste de président de la Commission pour donner du "sens" à la campagne des élections européennes. Etes-vous disponible ?
La question n’est pas de savoir si je suis intéressé ou non, mais de faire en sorte que le PSE fasse un choix unitaire. Je serai le directeur de la campagne. Je viendrai en France plusieurs fois aux côtés de Martine Aubry et des têtes de liste socialistes. Si nous avons une majorité, ou une coalition majoritaire au sein du Parlement, nous ferons en sorte d’avoir notre candidat pour la présidence de la Commission. Il est clair que si la droite n’est pas majoritaire, mais qu’une autre majorité se dégage autour des socialistes, des Verts et de la Gauche unitaire européenne, alors José Manuel Barroso ne pourra pas être reconduit.
Que pensez-vous des dirigeants socialistes qui soutiennent M. Barroso, comme le premier ministre britannique, M. Brown, et l’Espagnol M. Zapatero ?
Je parle au nom du PSE. Pas des gouvernements nationaux ! Une chose est sûre : le PSE ne soutiendra pas M. Barroso. C’est le candidat du Parti populaire européen (PPE). Il ne représentera jamais les opinions de la famille socialiste, même si certains gouvernements sociaux-démocrates le soutiennent, pour des raisons nationales. Le dernier mot doit revenir au Parlement après les élections.
Quelles devront être les qualités d’un éventuel candidat socialiste ?
Un président de la Commission doit pouvoir rassembler sur un agenda ambitieux pour une nouvelle Europe sociale. M. Barroso a été très passif dans sa gestion de la pire crise économique depuis la seconde guerre mondiale. Il essaie de faire croire que le plan de relance européen est proche de 4 % du PIB. Ce n’est tout simplement pas correct de prendre en compte les amortisseurs sociaux, qui augmentent avec la montée du chômage. Cela n’a rien à voir avec une politique volontariste de préservation des emplois. Le président de la Commission doit par ailleurs être capable de faire face aux gouvernements. Pour l’instant, nous avons un président qui représente le plus petit dénominateur commun et réduit l’Union européenne à une association intergouvernementale.
Quel seront vos priorités dans la campagne ?
Il nous faut un véritable plan de relance, proche de 2 % du PIB, comme le suggère le FMI, plutôt que les efforts nationaux non coordonnés que nous avons vus jusqu’à maintenant. La solidarité au sein de l’Union doit être développée pour empêcher l’émergence d’un nouveau mur de Berlin économique. Enfin, il s’agit de renforcer la voix politique de l’Europe sur la base d’un nouveau partenariat avec l’administration Obama.
Que pensez-vous de l’idée de désigner le président de la Commission au Conseil du 18 juin pour qu’il puisse être confirmé par le Parlement le 15 juillet ?
Cela ne laisse pas assez de temps au nouveau Parlement pour se prononcer. Les élections ont lieu le 7 juin. Nous avons besoin d’un délai plus long après.
Propos recueillis par Philippe Ricard (Bruxelles, bureau européen)